katelyn eichwald | This Floating Hour | Galerie Mathilde Le Coz & Galerie Elsa Meunier | Paris, France

 

 

Respectivement basés dans le comté du Kent, à Chicago et à Athènes, les peintres de l’exposition s’affranchissent de la réalité, de la narration pour restituer au pinceau les résidus perceptifs des images et des émotions qui les traversent. Les scènes, à peine brossées, sont dépourvues de repères spatio-temporels et dépouillées de détails : quelques personnages, parfois des objets, semblent, apparaître comme disparaître de la surface picturale - l’attention des spectateurs se concentre sur une atmosphère, une onde de couleur, une sensation. Ben Walker, Katelyn Eichwald et Claudio Coltorti peignent par couches successives de pigments, des images qui sédimentent et s’imprègnent dans la trame de leurs toiles, des images à la fois intimes et anonymes, elles émergent comme des souvenirs trop longtemps oubliés.

Prenant souvent pour référence des scènes de films, Katelyn Eichwald choisit d’en extraire un moment précis ou un objet qui retient son attention. Procédant par retranchement, l’artiste prélève, isole de son contexte d’origine et ancre son sujet dans les fibres de sa toile. Ben Walker, lui aussi, puise dans des images trouvées - de vieilles illustrations pour enfant - pour composer ses tableaux. Décontextualisés, réduits à l’essentiel et condensés, ces visuels permettent de focaliser l’attention des spectateurs sur des sujets sans histoire, non identifiables absolument. Inéluctablement, ceux-ci n’ont d’autre choix que d’extraire de leur mémoire, par remémoration, par association d’idées ou de souvenirs, le sens de ce qu’ils regardent.

 

Claudio Coltorti et Ben Walker imprègnent leurs œuvres d’une réalité vaporeuse et diffuse. Une émotion évanescente se propage comme une brume colorée de laquelle émergent des figures fondues et vagues. Le fond et la surface se confondent ne laissant parfois apparaître que la ligne d’un paysage pour Ben Walker ou d’immenses mains surplombées d’une chevelure noire pour Claudio Coltorti. Tandis que les paysages oniriques de bleus et de verts de l’un enveloppent une certaine nostalgie, des songes passés à la loupe grossissante de l’autre s’étalent en un flou de couleurs chaudes. Les couleurs deviennent les vecteurs d’émotions denses mais esquissées, qui prennent forme derrière les yeux des spectateurs.

 

Pour chacun de ces trois peintres, le réel, affleurant et trouble, est retranché, diffusé, toujours nostalgique. Ben Walker, Katelyn Eichwald et Claudio Coltorti éprouvent les spectateurs de réminiscences crées par leurs images flottantes. This Floating Hour dévoile ce prodigieux moment où l’évocation et le souvenir s’incarnent - les artistes nous donnent à voir la réminiscence dans sa vulnérable subtilité.